" L'Autorité de protection de la vie privée irlandaise a ouvert une enquête sur Facebook, après le dépôt de vingt-deux plaintes différentes par un étudiant autrichien. Max Schrems, étudiant en droit habitant Vienne, accuse Facebook d'avoir conservé de très nombreuses informations qu'il avait publiées puis effacées sur le réseau social. Il soupçonne également Facebook de créer des "profils fantômes", qui rassemblent des informations sur des personnes qui n'ont pas créé de comptes, sans l'avoir déclaré.
Après avoir assisté à une conférence organisée par Facebook, M. Schrems, qui avait un compte sur le réseau social depuis trois ans, avait décidé de demander à Facebook une copie de l'ensemble des données que le réseau social détenait à son propos, conformément à la législation européenne.
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Le fait que Facebook conserve ces données sur le long terme pose plusieurs problèmes, estime M. Schrems. Tout d'abord, il juge que les utilisateurs de Facebook n'ont pas donné leur consentement explicite à cette utilisation de leurs données, contrairement à ce que prévoit la directive européenne sur la protection de la vie privée ; et surtout, "ces données ne sont pas hébergées sur le territoire européen mais aux Etats-Unis, et Facebook Irlande [siège européen du réseau social] ne garantit pas une sécurité suffisante à ces données (...). Il n'existe aucune garantie que les forces de l'ordre américaines ou les autorités européennes ne puissent pas accéder à ces informations sensibles sur les citoyens européens", note l'une des plaintes déposées par M. Schrems.
DES "MESURES TECHNIQUES" POUR FACEBOOK
Dans un communiqué, Facebook s'est défendu de toute mauvaise utilisation des données de ses utilisateurs, arguant que les données étaient conservées pour des raisons essentiellement techniques. En ce qui concerne les messages effacés, Facebook explique que "nous permettons aux utilisateurs de supprimer les messages dans leurs dossiers de messages reçus ou envoyés. Mais il n'est pas possible de supprimer un message envoyé de la boîte de réception d'un autre utilisateur, et inversement. Tous les services de messageries jamais inventés fonctionnent comme cela."
L'argument est fallacieux, juge Max Schrems. "Cela peut sembler logique à première vue, explique-t-il au Monde.fr, mais si l'on se réfère à la politique de confidentialité de Facebook, les messages ne sont pas supprimés même si les deux correspondants les ont effacés. Ce n'est pas le cas dans les autres services de messagerie."
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"PROFILS FANTÔMES"
Au-delà des questions de conservation des données de ses utilisateurs, M. Schrems reproche également à Facebook la création de ce qu'il appelle des "profils fantômes" ("shadow profiles"). Par le biais des synchronisations des téléphones ou des carnets d'adresse, Facebook collecte quantité d'informations sur des personnes qui ne sont pas inscrites sur le réseau – et les utilise notamment pour personnaliser les courriels invitant les internautes à rejoindre Facebook ".
Damien Leloup
Article issu de lemonde.fr, du 24/10/2011.
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Facebook accusé